L’histoire de la commune

Bedul-camp (9è siècle), Vetuli Campi (1067), Bolicampo, Baugaulium in Credonibus, Buechamp (12èsiècle), Capellanus de Boochamp (1212), Bonocampo (1398), Bulicampus (1460), etc.
Les noms portés successivement par notre village attestent d’une présence humaine très ancienne.

  • LES SEIGNEURS

Les Gaulois et leurs prédécesseurs ont laissé peu de traces, mais nous savons que les rois Bretons ont occupé Bouchamps dès l’an 764.
IXè siècle : Le roi de France Charles confirma en 863 Salomon dans la possession de BedulCampo.
Le roi Salomon de Bretagne y tient sa cour pendant plusieurs années, et ses descendants sont encore seigneurs de terres boucanaises au XIIIè siècle. Les toponymes (noms de lieux) : la Féchalière, Feux-Chauds, Feux-Cis évoquent des biens mérovingiens.
Des personnages de la famille de Bouchamp sont cités dans le Cartulaire de La Roë. 1200 : Guillaume de Bouchamp dota un chapelain. Un Jean de Bouchamp vivait au XIIIè siècle. Pour la petite histoire, le seigneur, vassal du Baron de Craon devait 15 jours de garde à la Porte Lyonnaise, entre autres services.
Le principal fief de la commune, Bouche d’Uzure, appartenait au moins jusqu’au XIIè siècle à la famille de Craon. Tyson de Bouche d’Uzure est, semble-t-il, le dernier à porter le nom de Craon.
XIVè siècle : La seigneurie de la Motte de Bouchamp, passe aux mains de la puissante famille de Scépeaux. Yvon de Scépeaux prend le titre de Seigneur de Bouchamp en 1372.
XVè siècle : Dans la petite sacristie de l’église St-Pierre de Bouchamps, il a été découvert récemment une litre seigneuriale sur laquelle figure les armoiries de Jean III de Scépaux et deux blasons : Il s'agit des armes de Jean III de Scépeaux et de sa deuxième épouse Louise de La Haye-Passavant suite à leur union en 1459.
1510 : Guy de Scépaux, fonda une chapelle à Bouche d’Uzure.
Après vinrent de Gravy, de Sévigné (beau-père de la célèbre marquise), de la Saugère, Lefebvre, de Lantivy, Haligon (maire de Bouchamps) qui remplaça, en 1841, l’ancien château de Bouche d’Uzure construit en 1500, par celui que nous connaissons.
Une autre seigneurie existait à Bouchamps : L’Epinay. Les familles seigneuriales connues furent, entre autres : les Feschal (1425), Poncé (1499), d’Andigné (1550), Le Fèvre de Laubinières (1620), de Lantivy (1724).

  • HISTOIRE DE L’ÉGLISE St-PIERRE EN QUELQUES DATES :

IXè siècle : Un prieuré, dépendant de l’abbaye de Vendôme, est créé ; ce qui suppose qu’il y avait déjà un lieu de culte (qui daterait de l’époque des rois Bretons ?).
Pendant plusieurs siècles, le prieuré et la cure coexistent à Bouchamps, sous le même toit.
1067 : L’église St-Pierre appartient alors aux laïques. « Sous l’impulsion de Robert le Bourguignon, seigneur de Craon, les laïcs prennent immédiatement la défense de l’église St-Pierre contre les prétentions d’un laïc mal disposé ».
Mathilde de Craon (fille de Robert le Bourguignon et d’Avoise de Sablé) accepte de « donner en possession perpétuelle sa part pour payer l’usage et l’utilité des moines de la
Sainte Trinité qui servent fidèlement Dieu dans le lieu de Saint Clément », l’abbaye bénédictine de St Clément de Craon dépendait elle-même de celle de Vendôme.
1136: Le pape Innocent II confirme le don fait, par Mathilde.
1160 (estimation) : Les vestiges de l’église dateraient aux alentours de 1160, notamment le porche avec son arc roman sculpté: il s'agit de l'entrée principale de la première église ; il présente un décor de pointes de diamant comparables à celui de la façade de l’abbatiale de La Roë.
1224 : La cure, dépendant du Chapitre d’Angers, est unie au Doyenné de Craon.
1657 : Un avocat au Parlement possédait le prieuré et l’affermait à 130 livres sur lesquels il en laissait 30 pour acquitter des messes.
1694 : Le Prieur Dublineau déclare disposer « d’une salle » (le salon de la cure), d’un jardin et deux vergers, de la closerie de la Moinerie dont les dîmes sont partagées entre lui et l’Hôtel-Dieu de Craon, d’une pièce de trois journaux, d’un pré où il y a une butte, et de dîmes à la treizième gerbe sur les Feussis, la Tomençais, la Joliserie et la Poilonnière. C’est le Seigneur de Bouche-d’Uzure qui pressure les grains de raisin à ses frais. Le curé peut prendre un quart du vin, mais en fournissant les fûts et une livre de chandelle. »
Le Prieur perçoit de menues dîmes, les prémices de la paroisse, un setier sur le moulin du Bigot, un autre sur une maison de Chérancé, et fait réserve de tous droits qui auraient pu être négligés par ses prédécesseurs.
1748 : le prieuré de Bouchamp fut réuni à la cure, « attendu que le revenu de la paroisse était trop faible pour payer un vicaire, que le presbytère était trop petit, d’où arrivaient de fréquentes contestations entre les domestiques du Curé et ceux du Prieur, que le nombre de communions était considérable et le service pastoral excessivement pénible, vu l’état affreux des chemins, ce qui avait été reconnu par les paroissiens assemblés en la manière ordinaire, au son de la cloche, sous le chapiteau ou porche de l’église. Le Curé, en dédommagement, s’obligea à payer 3 livres de rentes à l’abbaye de Vendôme ».

  • LES CHAPELLES :

Dans les premiers siècles, les évêques distribuaient les revenus qu’ils possédaient à tous les clercs attachés à leur église. Par la suite on préféra assigner à chacun une partie des biens ecclésiastiques. C’est l’origine des bénéfices, et la tonsure suffisait pour les obtenir. Les chapelles séculières étaient données à des clercs séculiers qui faisaient remplir par un ecclésiastique les charges de leurs prébendes et demeuraient parfois fort loin.

La piété, la crainte, un voeu, la reconnaissance pour un bienfait reçu, le souhait de donner un lieu de culte de proximité aux paysans dispersés, incitaient ceux qui en avaient les moyens financiers à fonder une chapelle, dédiée à un Saint. Elle pouvait être implantée dans l’enceinte d’un château, ou dans quelque endroit sur les terres du châtelain. Les plus fortunés payaient un chapelain chargé des offices et dévotions. D’autres préféraient fonder leur chapelle dans l’église paroissiale et donner une somme d’argent au curé à charge pour celui-ci de desservir la chapelle. Le cimetière pouvait accueillir une chapelle au dessus du caveau familial, tout comme l’église où certaines familles nobles parvenaient à créer un enfeu.
La Chapelle St Join (ou St Jouin): Disparue en 1793, reconstruite partiellement en 1823 à côté du tombeau du Saint, puis rasée totalement, elle était peut-être la plus ancienne. Un pèlerinage avait lieu tous les ans le 1er juin. Un simple monument signalait son emplacement.
Elle fut démolie lors du remembrement en 1962, Il subsiste quelques pierres dispersées au gré des constructions alentours ainsi que la statue restaurée et intégrée dans l'église.

La Chapelle St Hubert : ( Bouche d’uzure)
En 1510, « Guy de Scépeaux, seigneur de Bouchamp et Bouche d’Uzure, fonda dans son château, une chapelle en l’honneur de St Hubert et St Armel. Cette même année, l’abbé Bernier, vicaire de Bouchamp et titulaire de la chapelle, fonda une messe tous les jeudis pour le repos de son âme, et donna une planche de jardin au bourg de Bouchamp pour augmenter la chapelle St Hubert et sept boisselées de terre à la chapelle St Join ».
La Chapelle du Plessis - Charbon :

La chapelle, dédiée à la Vierge, bâtie aux frais de la famille Haligon, a été bénite le 23 novembre 1852. Le gros oeuvre a été récemment restauré par la Commune. L’intérieur est en mauvais état.
LES EVENEMENTS MARQUANTS :
Notre commune fut le théâtre d’opérations militaires.
1592 : Les guerres de religion déchirent le Royaume de France. Une fameuse bataille vit s’affronter dans le Craonnais l’armée royale d’Henri IV commandée par les princes protestants de Dombes et de Conti d’une part, et l’armée de la Ligue catholique franco-espagnole dirigée par le duc de Mercoeur d’autre part. Un épisode se déroula pour partie à Bouche d’Uzure et au Bigot. L’armée royale, inférieure en nombre et mal commandée, ne put prendre Craon et retraita sur Château-Gontier.
Henri IV n’oublia jamais que les troupes de la forteresse de Craon lui avait résisté victorieusement ! La paix signée, il ordonna le démantèlement des fortifications et du château fort (Le château, qui fut construit au bord de l'Oudon, fut démantelé en 1604).
1796 : Venant de Chatelais, une armée de Chouans commandée par le général d’Andigné, combattit des troupes républicaines des garnisons de Craon et Cossé.
« Nous venions de Chatelais et suivions la vallée de l’Oudon. Quelques coups de fusil, partis de cette vallée, nous firent faire halte vers 7 heures du matin……..Quelques hommes….me dirent avoir tiré sur une colonne républicaine qui passait l’Oudon sur une chaussée de moulin……..Cette colonne était à notre suite…….Nous fîmes volte-face, et nous nous mîmes en bataille sur une pente qui s’élève comme en amphithéâtre au-dessus du bourg de Bouchamps. Le brouillard se leva……et laissa derrière nous une colonne d’environ 300 hommes. Elle venait derrière nous…….elle prit un chemin à sa gauche, comme si elle eut voulu tourner notre droite. Nous continuâmes notre route, lorsque cette colonne se trouva cachée à l’abri des bois qui nous séparaient d’elle sur notre gauche……Nous nous trouvions entre deux colonnes ennemies……La colonne républicaine qui était sur notre droite marchait dans la même direction que nous, suivant un chemin qui tombait dans celui où nous étions, avec lequel il formait un angle très aigu……..Nous étions 800 hommes ; la colonne ennemie était forte de 600 ».
La bataille se poursuivit en direction de Craon.
D’Andigné parle de 3 ou 4 tués dans son camp, tandis que les Républicains auraient comptabilisé 60 victimes ! Les communiqués de guerre établis par les différents camps étaient déjà sujets à caution !
En plus des victimes, ces conflits eurent des conséquences économiques : destruction des vignes pendant les guerres de religion. La Chapelle St Join ne résista pas à l’idéologie antireligieuse des révolutionnaires, qui considéraient les pèlerinages sur la tombe du Saint, parfaitement idolâtres. Elle fut rasée par un détachement de gardes venant de Craon. L’église St Pierre fut épargnée.
AUTRES CURIOSITES :
Menhirs des Fontenelles
Au lieu dit "les Fontenelles" on peut apercevoir encore quelques menhirs debout ou tombés dans le cours d'eau du Chéran. Ces pierres restées debout feraient partie d'une très grande enceinte mégalithique.